
“Esclave de naissance” : Faut-il interdire les identités religieuses avant 18 ans ?
Introduction
« C’est une forme d’esclavage dès la naissance. Pourtant, chacun naît libre. » La déclaration choc de R. İhsan Eliaçık relance le débat sur un tabou : et si transmettre une religion, une culture ou une ethnie à un enfant était une violence ? À l’heure où l’autodétermination devient un droit sacré, cette vision radicale interroge : peut-on vraiment choisir ce qu’on ne nous a jamais permis de remettre en question ?
Dans un post sur X, le théologien R. İhsan Eliaçık pose une question qui interpelle.
L’enfance, terrain d’endoctrinement ? Le poids des identités imposées
Pour Eliaçık, étiqueter un enfant comme « musulman », « chrétien » ou « athée » avant sa majorité revient à lui voler son libre arbitre. Son raisonnement s’appuie sur trois constats :
- L’asymétrie éducative : Un enfant absorbe les croyances familiales comme des vérités absolues, sans capacité critique.
- Le conditionnement émotionnel : Les rituels religieux (baptême, prières, fêtes) créent un attachement affectif à une identité non choisie.
- L’illusion du choix : Même à l’adolescence, peu osent braver le poids de la tradition ou risquer l’exclusion sociale.
« Si tu n’as pas exploré d’autres voies, peux-tu vraiment dire que ta foi est un choix ? »
Cette question, inspirée de Kant (« Sapere aude ! Ose penser par toi-même ! »), souligne l’écart entre héritage et liberté éclairée.
18 ans : l’âge de la libération spirituelle ?
Eliaçık propose une solution radicale : attendre la majorité légale pour assumer une identité. Une idée qui semble utopique, mais qui repose sur des arguments solides :
- La maturité cognitive : Le cerveau atteint son plein développement vers 25 ans. À 18 ans, l’individu a déjà les outils pour comparer, douter et choisir.
- Le droit à l’autodétermination : Personne ne devrait être réduit à une étiquette culturelle ou religieuse héritée, comme le rappellent les conventions internationales sur les droits de l’enfant.
- L’exemple des “convertis” : Ceux qui changent de religion à l’âge adulte témoignent souvent d’une foi plus engagée que celle des pratiquants de naissance.
Mais cette vision se heurte à une objection majeure : peut-on grandir dans un vide identitaire sans repères ?
Éduquer sans formater : mission impossible ?
La proposition d’Eliaçık n’implique pas de priver les enfants de spiritualité, mais de leur offrir une éducation ouverte et comparative :
- Enseigner les religions comme des philosophies : Sans en privilégier aucune, comme on étudie l’histoire ou la littérature.
- Remplacer la transmission verticale par l’exploration horizontale : Visiter des lieux de culte variés, rencontrer des témoins de différentes traditions.
- Dédramatiser le changement d’identité : Permettre à un jeune de 18 ans de rejeter son héritage sans culpabilité.
Cette approche ressemble au modèle finlandais, où l’enseignement religieux est neutre et pluraliste.
Et si nous étions tous des esclaves consentants ?
La métaphore de l’esclavage n’est pas anodine. Elle renvoie à l’aliénation invisible décrite par Marx :
- Les chaînes de la tradition : Répéter des dogmes sans les comprendre, c’est se soumettre à une autorité extérieure.
- La fausse conscience : Croire agir librement alors qu’on reproduite des schémas imposés.
Pourtant, même les athées ou les “libres penseurs” ne sont pas épargnés : leurs valeurs (laïcité, rationalisme) sont souvent tout aussi héritées.
Conclusion
La provocation de R. İhsan Eliaçık force une remise en question brutale : et si nos identités les plus chères n’étaient que des prisons dorées ? En Norvège, 70 % des jeunes ayant suivi un cours comparatif sur les religions abandonnent la pratique héritée (étude 2022). Preuve que l’autonomie spirituelle tue les traditions non choisies. Faut-il y voir un drame… ou l’avènement d’une humanité enfin adulte ? La réponse appartient à chacun – à condition qu’elle soit libre.