
Le prolétariat, ce “solide et dangereux garçon” : La force révolutionnaire que l’Histoire a trop sous-estimée
Introduction : Le mythe du peuple docile
“Un solide et dangereux garçon.” C’est ainsi que Franz Mehring, dans sa biographie de Karl Marx, décrit le prolétariat. Une formule qui pulvérise l’image d’Épinal du peuple soumis, éternellement reconnaissant envers ses dirigeants pour quelques miettes de pain.
L’Histoire, pourtant, le confirme : lorsque les opprimés se lèvent, les trônes vacillent. Charles Ier d’Angleterre et Louis XVI en firent la funeste expérience. À travers cette citation, Mehring ne fait pas qu’évoquer une classe sociale – il révèle une force historique, brutale et imprévisible. Retour sur une analyse qui reste d’une brûlante actualité.
1. L’imposture du « peuple reconnaissant »
La gratitude des masses ? Un récit commode, forgé par les élites pour légitimer leur domination.
- La fable du bon souverain : Distribuer du pain et des jeux ne suffit pas à étouffer la colère.
- L’illusion de la soumission : Le prolétariat n’est pas un enfant qu’on apaise avec des promesses.
- Mehring vs. la propagande bourgeoise : “Le prolétaire n’est pas un mendiant, c’est un combattant.”
Exemple actuel : Les Gilets jaunes, ou comment une taxe sur le carburant a révélé la colère d’une France oubliée.
2. 1649 et 1793 : Quand le prolétariat fait tomber les têtes couronnées
Charles Ier et Louis XVI ont cru pouvoir ignorer leur peuple. Erreur fatale.
Monarque | Erreur | Châtiment |
---|---|---|
Charles Ier | Refus du parlementarisme | Décapité en 1649 |
Louis XVI | Mépris des cahiers de doléances | Guillotiné en 1793 |
Leçon : Aucun pouvoir, si ancien soit-il, ne survit à la rupture du pacte social.
3. Hobbes, Marx, Mehring : Trois visions d’une même force explosive
- Hobbes : “L’homme est un loup pour l’homme.” → Le prolétariat, poussé à l’extrême, devient une meute.
- Marx : “Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes.” → La révolution comme nécessité historique.
- Mehring : Synthese des deux → Un “garçon” (jeune, vigoureux) mais “dangereux” (imprévisible, violent).
Philosophie appliquée : La peur des élites envers le peuple n’est pas une paranoïa… mais un réflexe de survie.
4. Le prolétariat aujourd’hui : Une force en dormance ?
Risque d’explosion sociale : Avec l’inflation et la précarité, le “garçon” pourrait bien se réveiller.
Fin des grandes luttes ouvrières ? : La désindustrialisation a fragmenté la classe laborieuse.
Nouveaux visages de la révolte : Gilets jaunes, syndicats de livreurs Uber, grèves dans les entrepôts Amazon.
Conclusion : Méfiez-vous du peuple qui a faim… et qui comprend
Mehring avait raison : le prolétariat n’est pas une masse amorphe, mais un géant endormi. L’Histoire montre qu’il se réveille toujours, tôt ou tard – souvent dans le sang.
Question ouverte : Dans un monde où le capitalisme a muté (ubérisation, IA, financiarisation), qui incarne aujourd’hui ce “solide et dangereux garçon” ? Les travailleurs précaires ? Les classes moyennes appauvries ?
Une chose est sûre : ceux qui croient pouvoir gouverner sans le peuple finissent comme Louis XVI… à la poubelle de l’Histoire.