
Musulman, chrétien, juif : un héritage ou un choix ? La liberté de croire en question
Introduction
“Es-tu musulman parce que tes parents le sont ?” Cette question, posée par le théologien R. İhsan Eliaçık, résume un dilemme universel : la foi est-elle un héritage culturel ou le fruit d’une quête personnelle ? À l’ère des identités recomposées et des spiritualités DIY, cette interrogation brûlante secoue les certitudes. Et si nos croyances les plus profondes n’étaient que des traditions non questionnées ?
Héritage vs choix : le grand malentendu religieux
La majorité des croyants héritent de leur religion à la naissance, comme une langue maternelle. Mais cette transmission soulève une contradiction :
- L’identité par défaut : Grandir dans un cadre religieux façonne rites, valeurs et perceptions du sacré. Mais peut-on parler de foi si elle n’a jamais été soumise au doute ?
- Le paradoxe de la liberté : Comme le souligne Eliaçık, « les identités héritées sont une forme d’esclavage ». Accepter une spiritualité sans la questionner reviendrait à vivre par procuration, en reniant sa propre agency spirituelle.
« Si c’est toi qui l’as choisi, à la suite de quels efforts, recherches ou quêtes ? »
Cette provocation invite à distinguer la culture religieuse (passive) de la foi (active).
La quête personnelle : seul chemin vers une foi authentique ?
Pour Eliaçık, croire n’a de sens que si cela procède d’un choix éclairé. Cette démarche implique :
- L’étude critique : Confronter sa tradition à d’autres philosophies, sciences ou spiritualités.
- Le doute constructif : Accepter de perdre ses repères pour mieux les reconstruire.
- L’expérience intime : Transcender les rites mécaniques pour toucher au sacré en soi.
Cette approche rejoint celle de Kierkegaard, pour qui la foi exige un « saut existentiel » hors des certitudes héritées. Mais dans les faits, combien osent sauter ?
Identités héritées = esclavage ? Le piège des traditions
La métaphore de l’esclavage, bien que polémique, pointe un risque réel :
- La prison invisible : Pratiquer une religion par habitude, peur sociale ou conformisme revient à aliéner sa liberté de penser.
- L’hypocrisie spirituelle : Répéter des prières sans y adhérer, critiquer d’autres croyances sans les comprendre… Ces comportements trahissent une foi vide, réduite à un folklore identitaire.
Pourtant, l’héritage religieux n’est pas un mal en soi. Il devient problématique quand il remplace la quête personnelle, comme l’écrit Eliaçık : « Peux-tu expliquer ton choix comme le jour où tu t’es marié ? »
Conclusion
La provocation de R. İhsan Eliaçık nous rappelle une évidence oubliée : la foi ne se transmet pas, elle se conquiert. À l’heure où 35 % des jeunes Européens se déclarent « sans religion » (étude Pew, 2023), son questionnement résonne comme un appel à repenser radicalement notre rapport au sacré. Héritage ou choix ? Peut-être les deux : l’héritage ouvre la porte, mais seul le choix conscient permet d’y entrer en liberté. Et vous, quand commencerez-vous votre quête ?